Sécurité

Conflit RDC-Rwanda : les USA annoncent la suspension de son assistance militaire au Rwanda

L’ambassadrice des États-Unis d’Amérique accréditée en République démocratique du Congo, Lucy Tamlyn, a annoncé vendredi 23 Février 2024, la suspension de la coopération militaire américaine avec le Rwanda. Elle s’exprimait à l’issue d’une visite de trois jours effectuée à Goma, dans l’Est du pays.

Selon la diplomate américaine citée par notre radio onusienne, cette décision s’inscrit dans le cadre de la pression exercée par Washington sur Kigali pour mettre un terme à son soutien établi au M23, un mouvement terroriste à la base de graves exactions contre les civils dans la région.

« Nous avons arrêté l’assistance militaire au Rwanda. Les Etats-Unis ne soutiennent pas l’armée rwandaise, nous ne lui fournissons pas d’armes ni d’équipements », a-t-elle déclaré au micro de la Radio Okapi.

Un rapport d’experts des Nations Unies accuse Kigali d’armer et de financer le M23, La reprise des combats ces derniers mois a provoqué de nouveaux déplacements massifs au Nord-Kivu.

Cette assistance, d’un montant de 200.000 dollars (164.000 euros), était destinée à financer une académie militaire rwandaise pour des officiers non gradés. Ils vont désormais être réaffectés sur un autre pays.

Cette mesure est un sérieux revers et un véritable coup dur que vient de subir le Rwanda et son président, Paul Kagame. En effet, le gouvernement des États-Unis est gravement préoccupé par les preuves selon lesquelles le Rwanda est impliqué dans la fourniture d’un soutien aux rebelles congolais, dont le M23.

 

Selon les experts des Nations unies chargés de la RDC, le M23 a intensifié ses recrutements en juillet 2022, ciblant les territoires de Rutshuru, Masisi, Walikale et Lubero. Les enquêteurs ont également signalé l’arrivée de jeunes combattants en provenance de l’Ouganda et du Rwanda. Les recrues étaient souvent attirées par de fausses promesses d’emploi.

Certains combattants du M23 consultés ont confirmé que le colonel Kanyamibwa supervisait des entraînements militaires à Tshanzu et à Runyoni, rapporte le rapport examiné en décembre dernier au Conseil de sécurité des Nations unies.

 

La décision des États-Unis repose sur la Child Soldiers Prevention Act de 2008, une loi visant à empêcher l’utilisation d’enfants soldats. Cette loi autorise les États-Unis à imposer des restrictions aux pays qui recrutent des enfants soldats, notamment en limitant l’assistance militaire et d’autres formes de soutien. Le Rwanda avait déjà figuré sur cette liste en 2013, 2014 et 2016 pour son soutien présumé à des groupes armés, dont le M23, impliqués dans le recrutement d’enfants soldats.

 

Cette assistance militaire américaine dont le pays des mille collines devra désormais apprendre à se passer pourrait avoir plusieurs impacts : Sans cette assistance, le Rwanda pourrait rencontrer des difficultés pour faire face aux défis sécuritaires auxquels il est confronté. Mais, il n’y a pas que cela, l’image que le pays véhicule à international en prendra un coup. Par ailleurs cette exclusion pourrait également avoir un impact sur ses relations avec d’autres pays, notamment dans le domaine de la coopération militaire et de la sécurité.

Il faut savoir que l’assistance militaire des États-Unis est une ressource précieuse qui contribue à renforcer les forces armées rwandaises et à moderniser leur équipement.

 

 

La suspension de l’assistance militaire américaine au Rwanda pourrait aussi créer des tensions entre les deux pays et affecter leur coopération dans d’autres domaines. Il est important de noter que ces impacts dépendent de

nombreux facteurs, y compris la durée de la suspension et la réaction du Rwanda à cette décision.

L’annonce faite par la diplomate américaine intervient quelques jours après que le Conseil de sécurité des Nations Unies a pris des sanctions contre plusieurs personnalités impliquées dans des mouvements rebelles et groupes armés déstabilisateurs.

Les avoirs de Willy Ngoma, porte-parole du M23 ont été gelés. Il a également été interdit de voyager. Mohamed Ali Nkalubo, des ADF, branche de l’EI présente à Beni, est également visé.

Apollinaire Hakizimana des FDLR-FOCA et Michel Rukunda, chef des forces Twirwaneho, font également partie de cette liste noire onusienne. Les USA avaient auparavant pris des mesures similaires contre Willy Ngoma et Michel Rukunda.

Il importe de signaler que ces sanctions ont pour objectif de réduire significativement les capacités financière et logistique à ces groupes terroristes, auteurs de nombreuses exactions contre les civils dans la région. Le Conseil de sécurité espère ainsi contribuer à éradiquer l’insécurité dans l’est congolais, théâtre depuis plus de vingt ans d’une conflictualité meurtrière malgré les efforts de paix déployés.

Ne Kakinankaziko Mayola

 

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